Vivarte, Mim, Tati, Vet’Affaires… le prêt-à-porter est dans la tourmente.
La Halle, Marks & Spencer, Mim, Vet’Affaires, Tati… dans le secteur de la mode, la casse touche bon nombre d’enseignes connues. Les chutes en rafale des enseignes historiques rebat les cartes.
En l’espace de quelques mois, plusieurs grands noms du secteur du prêt-à-porter, Groupe Vivarte, Mim, Marks & Spencer, Tati, etc trébuchent voire tombent de leur piédestal. Comment expliquer cette hécatombe ? Entre concurrence exacerbée et erreurs de gestion, baisse des ventes et manque d’anticipation…
Le secteur du prêt-à-porter fait grise mine depuis quelques mois. Tour à tour, plusieurs enseignes ont jeté l’éponge : dépôt de bilan de Tati, démantèlement du Groupe Vivarte (La Halle, Chevignon, Naf-Naf, Kookaï, André, Pataugas, etc), mise en liquidation de Mim, retrait programmé de Marks & Spencer en France, sans oublier quelques mois avant, la déroute de Vêt’Affaires, ou encore les difficultés de l’enseigne André…
Les défaillances en série de grands noms de la mode posent question. Il y a quelques semaines, un article du Monde (re)faisait les comptes pour arriver au chiffre impressionnant de 6 400 salariés d’enseignes de mode en quête de repreneurs : 1 464 chez Mim, 500 chez Marks & Spencer, 400 à la Halle aux chaussures, 443 chez Kookaï, 1 047 chez Naf-Naf, 790 chez André…
Las ! Que se passe-t-il ? Comment expliquer cette hécatombe ? Sévèrement touché par la crise et la montée en puissance de la concurrence du net notamment, le commerce de détail de vêtements se voit également touché de plein fouet par la baisse des prix généralisée des produits, l’accélération du rythme des collections, la hausse des matières premières, mais aussi les rachats successifs par des fonds d’investissement étrangers, plus avides de cash rapide que de redressement stratégique sur le long terme. Une fatalité ? Peut-être ! D’autant que désormais la course à la taille critique qui protégeait les marques ne garantit plus la pérennité comme l’atteste le démantèlement actuel du Groupe Vivarte.
L’exemple de Vivarte, un colosse aux pieds d’argile
Le groupe français d’habillement et de chaussures Vivarte, présent dans près de 70 pays à travers le monde, a longtemps été l’un des fleurons de la mode avec ses marques de premier plan parmi lesquelles André, Minelli, Sans Marina, Cosmoparis, Caroll, Kookaï, Chevignon, Naf-Naf, La Halle aux chaussures, Besson, Pataugas, etc. Fortement endetté au milieu des années 2000 (2,8 milliards d’euros au plus fort de la crise), le groupe a enchaîné les déboires depuis 2007 et sa reprise par endettement. Les choses se sont encore accélérées depuis…
En 2014, le groupe a ainsi été contraint pour restructurer sa dette, d’accepter une prise de contrôle par ses créanciers, à savoir les fonds Alcentra, Babson, et GoldenTree. Ont suivi des changements de dirigeants à répétition, et plusieurs plans sociaux à la Halle aux chaussures notamment (580 postes supprimés rien que dans les boutiques) et Vivarte Services, mais aussi des cessions d’actifs. André, la marque historique a été mise en vente, mais aussi Naf-Naf, KookaÏ, Chevignon et plus récemment Pataugas.
Au total, depuis le début de l’année 2017, environ 700 postes ont être supprimés. L’objectif affiché par Vivarte aujourd’hui est de poursuivre une stratégie de recentrage autour de trois grands pôles pour répondre aux nouvelles attentes et modalités de consommation de ses clients : les enseignes de périphérie avec La Halle et Besson, les enseignes de chaussures de centre-ville avec Minelli, San Marina et CosmoParis, et le prêt-à-porter de centre-ville avec Caroll. 6 marques survivantes contre 16 il y a quelques années. La chute est sévère mais du moins les derniers bastions du groupe devraient rester à terme dans le groupe avec des moyens pour être redynamisés.
L’exemple de Mim, un rachat qui tourne à la banqueroute
L’enseigne de vêtements Mim qui a été créée à la fin des années 70 a longtemps fait rimer business avec success story dans les galeries marchandes des centres commerciaux. A la tête de plus de 300 boutiques à la fin 2014, la société détenue par New Look depuis 2006, s’affiche alors en perte de vitesse. Elle est cédée à un investisseur asiatique, Main Asia à cette époque. Dès lors, les investissements promis pour moderniser les boutiques tardent. L’approvisionnement en grande partie confié à un intermédiaire un peu trop gourmand foule aux pieds les espoirs de redressement. Et le chiffre d’affaires s’effondre alors que les achats vont toujours grandissant. La marge bénéficiaire atteint des niveaux critiques. L’actionnaire majoritaire a alors été prié de renflouer les caisses vides, mais celui-ci a refusé tout net. Criblée de dettes (on parle de près de 80 millions d’euros pour un CA 2016 publié à 150 millions), l’entreprise Mim a finalement été placée en liquidation judiciaire le 26 avril dernier par le tribunal de commerce de Bobigny. Ce dernier a retenu l’offre de reprise partielle portée par les deux deux groupes de prêt-à-porter Tally Weijl et Etam qui reprennent 71 des 233 magasins de la chaîne et 287 salariés, laissant sur le carreau quelque 791 salariés. Pour le reste, il pourrait être repris par un collectif de salariés sous la forme d’une société coopérative (Scop).
L’exemple de Tati
Créée il y a plus de 60 ans, Tati a longtemps été l’une des rares marques à être une icone du patrimoine français. La marque a de fait longtemps été un moteur de tendance en inventant avant l’heure le hard discount, le libre service, la vente en vrac… Au fil des années, la marque a multiplié aussi les activités : mode femme, mode homme, mode enfant, décoration pour la maison, chaussures, robes de mariées, meubles, le développement a largement mordu sur de nombreux secteurs. A cours de liquidités au milieu des années 90 puis franchement dans le rouge en 2003, l’enseigne qui appartenait toujours à la famille de son fondateur change de main. L’entreprise est alors cédée à Vetura, une filiale du groupe Eram, qui la recède à Eram en 2007. Début 2017, le groupe Eram met en vente sa filiale Agora au sein de laquelle se trouve Tati, Giga Store, Degrif’Mania et Fabio Lucci. Le 28 avril 2017, à bout de souffle, la direction annonce la cessation de paiement de Tati. A la mi mai, cinq offres de reprises ont été déposées pour Agora Distribution de la part de Foir’Fouille, Centrakor, Stockomani, Maxi Bazar et Gifi.